Réseau et internet : la consommation invisible

Une tentation face aux problèmes environnementaux est de s’en remettre à la dématérialisation. Stocker l’information dans le cloud plutôt que sur du papier. C’est oublier que derrière chaque requête, email ou document stockés en ligne, se cachent des infrastructures aussi énergivores que polluantes. L’importance du trafic en ligne ne fait qu’augmenter, si bien qu’à ce rythme nous produirions dans 350 ans plus de bits d’informations que le nombre d’atomes de la Terre.

Infrastructures

À partir de nos terminaux, une requête dans un moteur de recherche transite par le réseau jusqu’au datacenter de l’hébergeur, qui va renvoyer quelques liens pertinents. En cliquant sur un lien, on interroge le datacenter où est hébergé le site en question. Les ressources nécessaires à la fabrication puis au fonctionnement de ces réseaux ont une part importante dans la pollution numérique : environ 25% est attribuée au réseau, tandis que la part des datacenters ne fait qu’augmenter, passant de 13% à 23% en 20 ans. On dénombre en effet plus de 4500 datacenters, pour une consommation estimée à 650TW.heures en 2020. Le réseau croît également, avec une distance totale de câbles marins de 1,2 million km, nécessaires pour répondre à l’augmentation d’environ 25% par an du trafic

La pollution de la vidéo

La vidéo représente une part croissante de l’origine des émissions, notamment avec la tendance croissante de leur résolution. Certaines estimations affirment d’ailleurs que le visionnage annuel de vidéos en ligne dans le monde est responsable d’autant d’émissions de CO2 qu’un pays européen comme l’Espagne.

Quelles solutions ?

La seule solution viable sur le long terme est une certaine sobriété numérique : échanger moins de données, et surtout des supports moins coûteux que la vidéo. Un moratoire sur la 5G, comme proposé par la Convention Citoyenne pour le Climat, va dans le sens d’une remise en cause du toujours plus de débit

Certaines solutions techniques permettent aussi d’optimiser la consommation : algorithmes d’IA dans les datacenters de Google, et réutilisation de la chaleur produite :  OVH chauffe ses locaux à Roubaix uniquement de cette façon.

Sources :

  1. Déployer la sobriété numérique, https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2020/10/Deployer-la-sobriete-numerique_Rapport-complet_ShiftProject.pdf
  2. Infographic: The Carbon Footprint of the Internet – ClimateCare, https://climatecare.org/infographic-the-carbon-footprint-of-the-internet/
  3. Jancovici : Pourquoi vous polluez quand vous êtes sur Internet ? 06/06/2019, https://www.youtube.com/watch?v=muBTIVjS8sA
  4. LA FACE CACHÉE DU NUMÉRIQUE, https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-face-cachee-numerique.pdf
  5. 2009.01937] The Information Catastrophe, https://arxiv.org/abs/2009.01937

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