Téléphones, ordinateurs, tablettes, imprimantes… Aujourd’hui près de 34 milliards d’équipements numériques sont utilisés dans le monde. Si numérique rime avec dématérialisation, la fabrication des équipements s’appuie, elle, sur des ressources bien matérielles. Quelles sont les ressources nécessaires à la fabrication de ces équipements et quels impacts celle-ci a-t-elle sur l’environnement ?
Un processus de fabrication intensif en ressources naturelles et énergétiques
La fabrication des équipements numériques est très gourmande en énergie et en ressources naturelles. En effet, 30% de la consommation d’énergies fossiles du secteur du numérique sont imputables à la fabrication des équipements. La fabrication met aussi en jeu une quantité importante de ressources et en particulier de métaux.
À titre d’exemple, la fabrication d’un ordinateur de 2kg nécessite 800kg de ressources dont 600 kg de minéraux. On peut également citer la fabrication d’une box internet qui nécessite 500kg de ressources, cela sans compter les milliers de litres d’eau intervenant à différentes étapes de la fabrication. Plus d’une quarantaine de métaux différents sont impliqués dans la fabrication d’un téléphone portable, comme illustré par la figure ci-contre.
Au total, la fabrication des équipements numériques est responsable de 76 % de l’utilisation des ressources pour le secteur du numérique.
Des impacts socio-environnementaux directs et indirects
Le processus de fabrication des équipements numériques a un impact direct sur l’environnement. On peut par exemple observer un stress hydrique accru à proximité des gisements de métaux en raison du besoin important en eau douce de l’activité d’extraction qui s’additionne aux besoins existants de la population locale. La pollution des sols et de l’air dans le voisinage des gisements constitue également un impact direct de l’extraction des métaux nécessaires à la fabrication des équipements numériques. Ces impacts ne se limitent d’ailleurs pas à l’environnement, car la raréfaction croissante des ressources minérales exacerbe aussi des tensions géopolitiques déjà existantes.
D’autre part, comme mentionné dans le paragraphe précédent, la fabrication est un procédé très énergivore. Or, le plus souvent, ces composants électroniques sont fabriqués dans des pays dont le mix électrique est encore à fort contenu carbone comme la Chine ou la Corée, et par conséquent contribuent à l’émission de gaz à effet de serre.
Par exemple, sur les 169 kg de CO2 émis sur l’ensemble du cycle de vie d’un ordinateur, 124 kg sont directement imputables à la phase de fabrication, soit 73% des émissions. Ces émissions de GES entraînent une augmentation des températures, et de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes.
Sources :
- Rapport greenit.fr, Empreinte environnementale du numérique mondial, https://www.greenit.fr/wp-content/uploads/2019/10/2019-10-GREENIT-etude_EENM-rapport-accessible.VF_.pdf
- Metal Recycling, Opportunities, Limits, Infrastructure, UNEP (2013)
- Rapport France Stratégie, La consommation des métaux du numérique : un secteur loin d’être dématérialisé https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2020-dt-consommation-metaux-du-numerique-juin.pdf
Pour aller plus loin :
La face cachée du numérique, https://www.ademe.fr/face-cachee-numerique